mardi, juin 19, 2007

Dogma : Dieu fait le poirier




Tout comme Tom Shadyac, mentionné dans le billet précédent, Kevin smith a réalisé plusieurs comédies déjantées dont certaines abordent de front des thèmes religieux, allant jusqu’à représenter Dieu lui-même à l’écran !

En 1999, nous avons pu découvrir Dogma, dans lequel deux anges déchus et coincés dans le WisconSIN essaient par tous les moyens de retourner au paradis. En dehors de ses habituelles et nombreuses références à la culture populaire, le film est truffé de références aux récits bibliques. On y retrouve des anges, déchus ou fidèles, un treizième apôtre qui aimerait bien retrouver sa place dans les évangiles, deux prophètes et bien d’autres surprises. Outre la représentation originale et moderne de ces personnages, les thèmes qu’ils abordent au détour de conversations parfois triviales sont d’une gravité surprenante. La scène [01 :12 :00] au cours de laquelle un des anges renégats (Ben Afflek) se lance dans une diatribe contre l’humanité, vantant l’injuste patience de Dieu pour des êtres rebelles évoque indirectement la douleur de Lucifer après sa chute. Sans aller jusqu’à comparer Smith à John Milton ( Le Paradis Perdu), il faut souligner que le traitement et le parcours des deux anges est parfois très profond.

Si on s’attarde un instant à la représentation de Dieu, on retrouve la volonté de briser certaines représentations traditionnelles, comme c’était le cas dans Bruce Tout Puissant. Dans le film de Shadyac, dans son incarnation, Dieu est noir (Morgan Freeman). Dans Dogma, cette possibilité est évoquée par Rufus qui prétend que Jésus est noir ; quant à Dieu le Père, il semble que malgré l’habitude, il serait plus juste de dire ‘Dieu la Mère’ puisque Dieu apparait à la fin du film sous les traits de la chanteuse Alanis Morissette (j’ai lu que dans le générique de fin, le réalisateur remercie une théologienne féministe°).

Tout comme dans Bruce Tout Puissant, Dieu a de l’humour. C’est d’ailleurs ce que déclare le Metatron (l'ange portant la voix de Dieu, Alan Rickman) dans le film lorsqu’on lui demande comment est Dieu : ‘Dieu ? Solitaire. Mais marrant. Il a un grand sens de l’humour !’

Il est impossible d’évoquer toutes les réflexions du film sur la foi (plus particulièrement catholique, celle du réalisateur qui semble régler quelques comptes ou du moins suggérer des changements) tellement elles sont nombreuses. Si ces réflexions sont si bien digérées par le public contemporain c’est qu’elles apparaissent dans un cadre inhabituel et déroutant. Le film comporte une scène dans une boîte de strip-tease et les vulgarités verbales, principalement grâce au personnage de Jay, l’ado-prophète qui jure plus vite que son ombre, sont loin d’être absentes. Ce mélange surprenant à causé à Kevin Smith de nombreuses attaques venant de certains représentants de l’église catholique. Cette controverse a d’ailleurs donné naissance à un documentaire : Judge not : In Defense of Dogma (2001).

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